Vous connaissez Millet. Même si vous ne connaissez pas son nom. Et c´est un peu son malheur. Vous avez forcément vu son Angélus, ses Glaneuses,sur un mug, une tapisserie, une serviette.
L´exposition du Palais des Beaux Arts de Lille vous propose d´aller un peu au-delà de ce qui est devenu un cliché.
Loin d´être une "peinture paysanne" qui introduirait une dissymétrie entre le peintre et ceux qu´il représente, Millet veut faire une peinture qu´il qualifie de "rustique", au sens où il veut atteindre une vérité. Cette vérité c´est celle de l´homme qui n´est plus un homme mais un être tout entier représenté par son travail. Aliéné par celui-ci pourrait-on extrapoler, à ceci prés que, non seulement Millet ne se définît pas comme socialiste, mais que rien dans sa peinture ne va dans le sens d´une aspiration libératrice.
L´interprétation que fera Banksy des Glaneuses est, en ce sens, une transgression de l´esprit de Millet. Pour Banksy en effet, la glaneuse a le droit de s´octroyer une pause cigarette : mouvement de libération du travailleur !
En ce sens Dorothea Lange et John Ford (qui adaptera le roman de Steinbeck "The grapes of wrath") sont plus près de cette "peinture rustique" dont l´influence sur la peinture, la photographie et le cinéma américains fait l´objet de la seconde partie de l´exposition, partie intitulée Millet USA.
Chronique de : philippe J
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