Pedron OMRY
Spectacle
Jazz
2009-10-23
 12 photos
Du neuf dans le PJF (paysage jazzique français) : un disque résolument jazz qui a les âpres séductions du rock indé. Pierrick Pedron, après un album plutôt novateur dans la tradition, Classical Faces, puis un autre bien ancré dans le mainstream actuel, Deep in a dream, enregistré à New York avec Mulgrew Miller et Lewis Nash, a attendu le temps qu'il faut pour retourner en studio avec un projet différent. Il s'est entouré d'un directeur artistique musicien, le pianiste Eric Legnini, d'un guitariste encore inconnu mais remarquable pour sa sobriété, Chris De Pauw, de son compagnon d'aventure le contrebassiste Vincent Artaud, solide au poste, et de deux batteurs, Franck Agulhon et Fabrice Moreau. Comme il n'arrivait pas à choisir, il les a pris tous les deux, pour leurs couleurs sonores différentes, en les superposant. Et puis, surtout, il a emmené un pianiste, Laurent Coq, qui est l'un des musiciens trentenaires les plus originaux, harmoniste un peu étrange, aux rêveries anguleuses. Coq l'a aidé à arranger des compositions qui ne ressemblent pas aux thèmes habituels du jazz, de telle sorte que sa voix au saxophone alto, mixée en retrait comme celle de Beth Gibbons chez Portishead, ou alors plus en avant, comme celle d'Oum Kalsoum, évoque le chant magique de ces femmes un peu sorcières. Le premier thème, Mama Oum, vous emporte tout de suite dans une autre dimension, qui rappelle cependant le psychédélisme du Pink Floyd qu'il a tant aimé. Il y a dans Omry (la vie, en arabe) le mariage réussi de deux traditions effervescentes, celles du jazz et de la pop music. Pierrick Pedron, ayant atteint l'âge de la maturité heureuse, s'y révèle comme un soliste attachant qui a rompu les amarres avec Charlie Parker au profit d'un univers sensible tout à fait personnel. Un disque qui restera. Michel Contat / Télérama