Le public est installé, le décor est planté : quatre chaises pliantes, des instruments de musique, une valise reconvertie en batterie de fortune… le tout devant une gigantesque photographie mégalo-maniaque du groupe qui fera office de fond de scène et de coulisse. L’un après l’autre, les personnages entrent en scène, affichant d’emblée une personnalité dérangée relevant plus de la psychiatrie urgentiste que de la fantaisie poétique. Leur intention : exposer en chanson, la vision (très particulière) qu’ils se font du monde. C’est ainsi que, dans un théâtre fait de bric et de broc, les Métal Gnou(x) tentent de mener à son terme un concert de rue en proposant un récital invraisemblable. Servant de trame directrice à toutes les élucubrations et les improvisations possibles, les chansons, jouées en acoustique, abordent des thèmes aussi variés que tabous : un coming out médiéval, la rencontre amoureuse en période menstruelle, les familles recomposées en milieu consanguin, les drogues douces au Québec,… le tout dans la lignée « spirituelle » de Jean Yanne ou des Nonnes Troppo. Cette épreuve se révèle vite impossible puisque chacun des membres de l’orchestre reste imperturbablement instable ! Incapable de se plier à l’autorité débordante de Raoul (que l’on pressent comme « le chef »), de résister aux charmes pulpeux de Charlène (que l’on perçoit comme « la femelle »), de supporter les bourdes désarmantes de Ronny (que l’on devine comme « l’idiot ») ou de comprendre les élans rustres de Jean (que l’on repère comme le « malsain »). Sans gêne aucune, au vu et au su de tous, chacun tire les trois autres vers le bas… inexorablement. Il faudra pourtant qu’ils se partagent la vedette.