Performance : le mot résonne au-delà du champ artistique. Venu des arts du spectacle (dans la tradition anglo-saxonne), et de la culture sportive, le terme imprègne aujourd’hui les sociétés postindustrielles, avec leurs « indicateurs » évaluant chaque secteur de l’activité humaine. C’est également une pratique implicite des médias sociaux, où les relations se forment et s’inventent par et à travers les représentations de soi. L’historien Stephen Greenblatt a mis en évidence une culture très sophistiquée du Self-fashioning dès la Renaissance, autrement dit la construction consciente d’une image du moi social. C’est aujourd’hui un comportement tout entier qui s’élabore quotidiennement dans le prisme de la technologie. L’art du 20e siècle s’est saisi de l’idée de performance pour en reformuler les termes, en faire une pratique critique : répondre à l’accélération du temps tout en y opposant des stratégies autres, retournant et subvertissant le principe de productivité. L’intensification de ces formes d’art au 21e siècle pose plus encore la question de l’expérience. Elle renouvelle ce vitalisme critique, réinvente l’ici et maintenant, ravive la question posée par Spinoza : « que peut un corps ? ». (source Lille3000)