La prise de contact se fait sur Instagram et le rendez-vous est pris : 1 h 30 au métro V. et pendant les 3 h qui vont suivre je vais assister à l’apparition d’un visage sur un mur de briques. Sa silhouette est juvénile et comme je ne vois pas son visage, je le suppose plus jeune qu’il n’est et suis surpris par la maturité de sont trait. C’est aussi un spectacle de voir un artiste au travail. Moi qui suis incapable de faire mieux que la tête à Toto, je suis admiratif de la sûreté du trait, qui fera apparaître un visage d’homme au regard clair.
A 4 h 30 du matin, je suis frigorifié, lui est content du travail réalisé. En partant, il me fait remarquer qu’il y a un pan de mur libre à droite de l’homme…
Nous nous revoyons quelques jours plus tard au Dame-C où sont exposées certaines de ses œuvres. Iksté dessine et peint depuis presque 30 ans, s’il a parfois été soumis aux chaos de la vie, s’il a suspendu son activité publique pendant longtemps, Iksté (aka York) il s’est remis au graff il y a quelques années.
Pourquoi peindre ? Un exutoire, une échappatoire, et aussi pour exorciser le double face qui est en lui. C’est d’ailleurs le thème de certaines de ses peintures. Car selon Iksté, chacun de nous est double.
Pourquoi ici un regard, là un visage ? Pragmatique, Iksté s’adapte au support. Si le format du mur choisi le permet, c’est un visage entier qui viendra mettre un peu de couleurs dans la ville. Sinon, un regard.
Iksté me montre son « secret » : des aimants de petite taille mais très puissants. Ils lui permettent d’immobiliser la bille qui est à l’intérieur des bombes de peinture. Pourquoi ? Pour ne pas faire de bruit. Car si Iksté choisit ses murs en évitant autant que possible « le privé », ce qu’il fait reste illégal et il se fait le plus discret possible.
Iksté est un artiste prolifique mais, étant aussi graffeur, il tient à rester discret.
Je ne vous dirai pas où se trouve le visage que j’ai photographié cette nuit-là, mais allez le 28 mars (à partir de 19 h) à Altissimo Kinepolis et vous verrez.