Le Blaireau, nous apprend l'encyclopédie, est un animal sociable. Les Blaireaux, nous apprennent les salles de concert, sont des bêtes de scène. Le blaireau est un animal fouisseur : il construit patiemment de longues galeries souterraines. Les Blaireaux ont fait leur trou en une dizaine d'années. D'abord à Lille, chez eux, avant de conquérir les six coins de l'Hexagone, et aussi son centre et même ses départements les plus retirés, puis les radios et leurs play lists.
Le blaireau ne fiche rien de toute la sainte journée. Il ne sort que le soir, pour chercher sa nourriture. Les Blaireaux en fichent-ils une rame de plus ? Peut-on appeler en ficher quelque chose l'écriture de chansons divertissantes ou énergétiques, sentimentales ou chroniqueuses, moqueuses ou oniriques ?
En tout cas, à les entendre, nul ne sentit jamais la moindre trace d'un effort. Les Blaireaux donnent une impression continuelle de facilité. De naturel. On dirait que leurs idées, leurs trouvailles, leurs jeux de mots, la cocasserie de situations qu'ils imaginent leur viennent en dormant. Une fois réveillés, ils viennent raconter sur scène leurs songeries de la nuit avant d'aller assurer la fermeture des bars.
Les Blaireaux, 10 ans après leurs premiers pas, c'est toujours le même plaisir. Simplement, nous sommes plus nombreux à le partager.
Philippe Meyer.