Entretien avec Tony Melvil.
Lors de note première rencontre, j’avais été assez impressionné par le show de Tony Melvil. Je lui avais donc proposé de nous rencontrer à l’occasion de son passage au Splendid dans le cadre de « Le Terrier découvre ». Nous voilà donc dans le catering, un verre d’orange sur la table pour un entretien de 45 minutes, entretien entrecoupé de quelques « Salut ! Ça va ? ».
Surprise 1 : Ça n’est pas Tony Melvil qui me parle. Tony Melvil est un personnage de scène qui cesse d’exister dès qu’il en descend. Je parlerai donc avec un jeune homme de 30 ans qui vit (plus ou moins) de la musique, depuis une bonne dizaine d’années. Tony Melvil, lui, n’existerait pas sans un travail de réflexion.
Surprise 2 : Celui qui se fait appeler Tony Melvil est le résultat d’une longue maturation, né de différents stages de thétre, de clown, de danse. Tony Melvil, celui qui paraît si maladroit, si timide, tellement aux prises au malaise de vivre qu’il le projette sur son auditoire, Auditoire qui ne sait jamais s’il doit rire, ou s’apitoyer sur ce pauvre garçon qui semble si peu à sa place sur une scène quand il ne chante pas. Quand il chante, c’est autre chose. Quand il chante ses textes on se rend bien compte que tout ça n’est pas simplement le fruit de l’imagination, mais là aussi le résultat d’un travail.
Surprise 3 : Ce que l’entretien confirme, lorsque sont évoqués Hervé Bazin, Jack London comme sources, non d’inspiration, mais de réflexion pour la chanson intitulée « 3 m² ». Troisième surprise donc. Mais dois-je l’être quand je sais que Tony Melvil a commencé à étudier le violon à 4 ans et demi ? Quand on sait que, à l’âge ou ses copains écoutaient Nirvana, lui passait et repassait les chansons de Brassens, Brel, Ferré ?
Surprise 4 : Le goût pour la pratique de la chanson, il ne l’a découvert que vers 18 ans, « à l’âge ou s’amuser tout seul ne suffit plus », lorsque l’on se retrouve autour d’un feu avec des amis et que l’on se rend compte que la guitare c’est bien mieux que le violon. (Lequel fut abandonné 2 ans plus tôt). Mais tout cela ne fait pas un artiste, d’ailleurs.
Surprise 5 : Tony Melvil nous dit bien sur scène qu’il aurait voulu être comptable ? Il l’est vraiment ! En tout cas, il en a la formation. Mais ça n’est pas ainsi qu’il a choisi de prendre sa place dans la société. Sa place il la souhaite plus marginale que derrière un écran d’ordinateur à vérifier des comptes. Ce qui lui permet de se sentir moins agressé par le monde tel qu’il va, c’est d’en être un élément dont la marche n’est réglée que par les exigences de la vie d’artiste avec ce qu’elle comporte de défis, de contraintes, d’espoir de laisser sa propre marque au monde. Monde qu’il côtoie, qu’il pense, mais auquel il n’admet de participer qu’à la façon qu’il a choisi de s’inventer et qui n’est valable que pour lui-même.